Non mais je pense qu’ils ne savent pas qui je suis.
Enfin je disais ça, est-ce que je le savais moi-même?
Pas du tout.
Mais je savais une chose au fond de moi: j’allais y arriver.
Il est hors de question de me dire que j’ai vécu tout ça pour avoir une vie de merde.
Aujourd’hui je sais que ma seule option est la réussite.
-Ca veut dire quoi réussir Camille?
-Et bien ça veut dire que je peux avoir mon émission à moi, gagner assez d’argent pour ne plus avoir à m’en soucier.
Une vie posée sans jamais avoir peur du manque.
Qui peut me stopper?
Et d’ailleurs qui osera essayer de me stopper?
-Tu sais quand j’étais petite, ma mère m’avait laissée chez mon oncle et ma tante parce qu’elle avait autre chose à faire que de s’occuper de moi. Elle aimait plus la farine que moi. Mon oncle et ma tante ben ils en ont profité ces bâtards. Ils m’ont utilisée comme si ma vie ne valait rien à leurs yeux. Je devais tout faire dans leurs maisons, on me nourrissait à peine et en prime on me frappait.
J’ai vécu l’enfer l’hiver. On ne me donnait pas de quoi me réchauffer. Je pense que ça leur faisait du bien de voir une personne pire qu’eux.
Un jour ma daronne est venue me récupérer.
Elle semblait en avoir fini avec la farine.
Elle m’a ramenée chez elle, j’avais dix ans.
Je pensais que la vie allait enfin être meilleure pour moi.
Et bien non ce n’était pas le plan.
– Tu veux que je te raconte? Personne n’a envie d’entendre mon histoire, putain.
Merde je me suis brûlée le doigt avec ma cigarette.
– Je vais te le dire merde!
Quand je suis arrivée chez elle, il y avait son mec. Il était gentil avec moi. Mais elle avait besoin de me rabaisser, elle m’appelait sale rat.
Il essayait de me donner de l’amour mais elle voulait être au centre de l’attention..
On dirait que tout le monde voulait me voir crever sauf lui Jean-Luc.
C’était la première fois que je rencontrais une personne gentille. J’avais dix ans putain.
Un jour il m’a acheté du shampoing.
C’était le plus beau jour de ma vie. Et c’était pas mon anniversaire.
J’avais jamais eu un shampoing à moi.
En même temps qu’est-ce que j’avais déjà eu qui m’appartenait?
Rien du tout.
Les vêtements qu’on me donnait venait de dons.
Je n’avais pas toujours le droit de prendre une douche chaude.
Ma mère en avait terminé avec la farine (c’est de la cocaïne t’as capté?).
Mais on ne se débarrasse pas d’une addiction comme ça.
Elle l’avait remplacée par l’alcool.
Bonjour l’ambiance dans la baraque.
Jean-Luc il était gentil alors il n’a pas supporté. Il s’est barré.
Il m’a laissée avec elle.
Qu’est-ce qu’il pouvait faire de toute manière?
Je n’étais pas sa fille.
Il voulait avoir un enfant avec ma mère. Il l’aimait. Elle avait envie de célébrité. Elle avait besoin d’avoir un mec qui dise ok à tout.
Et puis son ventre s’est arrondi.
Il est revenu, il a essayé car il allait être papa.
Ca n’a pas marché, il a demandé la garde de son fils.
Il l’a obtenue.
Ma mère elle ne voulait pas que je vois Jean-Luc.
S’il ne la calculait pas, j’avais pas à être heureuse.
Parfois j’allais pas à l’école.
Quand j’y allais, j’essayais de bouffer car à la maison c’était compliqué.
Je me demande si les adultes réalisaient ce que je vivais?
J’ai fini par me barrer moi aussi. J’en avais marre de cette vie, d’être toujours celle à qui on fait subir les pires choses.
J’avais douze ans quand je me suis tirée de là.
C’était pas la joie mais c’était mieux pour moi.
J’ai du faire des choses dont je ne suis pas très fière.
– Mais tu voulais que je fasse quoi d’autre pour m’en sortir?
J’ai appris à rester propre malgré la rue.
J’avais toujours un shampoing dans mes affaires.
Il fallait que je fasse gaffe pour ne pas qu’on me retrouve et qu’on me ramène chez ma daronne.
Combien de temps je suis restée dans la rue?
J’en sais rien du tout. Trop longtemps pour une gamine.
Je n’voulais pas goûter à la drogue. Cette saloperie avait déjà fait assez de dégât.
Aujourd’hui j’ai vingt-ans, tu te demandes ce que j’ai foutu entre toutes ces années?
⚠️ Maintenant c’est Floriane, est-ce que j’écris la suite? Si tu as des idées de la suite laisse un commentaire 😉